L'article "Huit moulins et barrages amenés à disparaître sur la Selle…" paru dans La Voix du Nord du 14 février 2014 a rapidement fait le tour du comité de travail et nous avons instantanément pris la décision de nous impliquer dans cette affaire.
Bernard a rapidement pris contact avec Ludovic et Marie-Anne BELLEVAL, propriétaires du moulin Lamour de Briastre, seul ouvrage en exploitation parmi les huit concernés. Le mardi 25 matin nous fut proposé pour nous rencontrer et donc, Bernard, Michel et moi-même, seules personnes disponible ce jour, nous rendîmes sur les lieux.
Nous avons été accueillis par Ludovic et Marie-Anne BELLEVAL dans leur propriété restée intacte (allée et cour pavée, bâtiments dont les toitures ont été restaurées à l'identique...).
Nous sous sommes de suite aperçus que la sauvegarde du moulin n'était pas leur seule activité et qu'en plus ils avaient ouvert un estaminet, qu'ils possédaient des ruche et commercialisaient diverses variétés de miel et autres produits dérivés.
En entrant dans la partie moulin, nous ne savions plus où poser nos yeux, tant de merveilles étaient entreposées dans un désordre organisé. Des centaines d'objets de tous âges et de toutes sortes sont exposés. Des amasseurs compulsifs? Non. Des passionnés. On y trouve de tout, du piano mécanique à pièce (ancêtre du juke box fabriqué à Raismes) aux objets de la vie courante de nos arrière grands parents, mais j'y reviendrai plus loin.
Nous sommes au rez de chaussée dans une petite pièce silencieuse adossée à la rivière, des engrenages inanimés, des poulies immobiles… On nous explique le fonctionnement, de la retenue d'eau contrôlée par des vannes que nous apercevons par une petite fenêtre à la transmission mécanique de la force motrice obtenue gratuitement dont la courroie grimpe vers les étages en traversant le plafond.
Deux choses manquent : le mouvement et le bruit de l'eau. La roue ayant disparu, le propriétaire en a fait fabriquer une mais ne manquent que les pièces de bois qui constituent les aubes. Projet ultime pour redonner vie à ce moulin mais l'épée de Damoclès brandie par Bruxelles gèle pour l'instant l'aboutissement d'années de travail passionné et de lourds investissements.
Le but de cette administration européenne n'est pas de détruire les moulins à aube, non, mais de supprimer toutes retenues sur la Selle afin de ne pas nuire à la biodiversité de ce cours d'eau. Comme arguments, il est question entre autres, de protéger d'après ce que j'ai retenu, un craintif petit poisson dont le nom m'était totalement inconnu. Pour sa survie il a été décrété, suite à de longues et couteuses études, l'abolition des barrages qui ont permis à nos ancêtre de fabriquer la farine qui a nourri toute la région. Tout cela est consigné dans un épais et couteux rapport qui a été généreusement donné à nos désormais infortunés propriétaires du moulin.
Une question me vient à l'esprit : la génération spontanée n'existant pas et l'immigration aquatique n'étant pas trop dans les mœurs de nos chers (dans tous les sens du terme) poissons, ils devaient bien occuper cette rivière avant et pendant la présence des ces fameux moulins auxquels ils ont mieux survécu, eux, et ce malgré la pollution en métaux lourds toujours présente dans le lit de la Selle ! Pollution si importante qu'il est déconseillé d'évoluer dans l'eau sans protection spéciale. Ludovic BELLEVAL nous signale que dans l'eau, il y va de temps en temps non pas pour se rafraichir mais pour nettoyer sa partie de la Selle des débris et branchages qui en obstruent le cours.
Il est quand même question de solutions alternatives. Il serait possible de construire une petite retenue en pierres qui pourrait engendrer un passage forcé pour l'eau. Pourquoi pas, mais, ôtez moi d'un doute, cette retenue existe déjà et en plus on peur facilement en réguler le débit.
Oui mais il faudrait supprimer les piliers qui pourraient retenir des branches et ainsi obstruer le cours de la Selle (chose que fait déjà Ludovic).
Bref, il n'est pas impossible de "démonter" les arguments du rapport de Bruxelles mais il n'est pas impossible aussi que cette administration puisse dépenser des fortunes pour vous démontrer que vous avez tort.
Est t-il vraiment nécessaire de défendre et trouver des solutions à cette affaire ?
Ludovic et Marie-Anne BELLEVAL ne se battent pas pour simplement entendre le romantique bruit de l'eau et le grincement de la roue à aube de leur chambre. Non. Ce sont des ardents et intelligents défenseurs du patrimoine et de l'environnement. Intelligents, oui, car non contents de restaurer à leurs frais ce moulin, ils se battent pour le faire connaître dans un but patrimonial, environnemental et aussi pédagogique. Ces anciens cambrésiens organisent des visites pédagogiques de leur moulin encore inanimé.
Adultes, anciens et enfant peuvent venir s'enrichir de l'histoire de le vie d'antan. On leur explique ce qu'est la farine, avec quoi et comment on la fabriquait. Expliquer le fonctionnement du moulin et de ses machines de minoterie en devant répéter plusieurs fois "imaginez ceci, imaginez cela…" n'est pas la meilleure méthode pédagogique surtout pour les enfants. Par contre, illustrer la visite en montrant des machines en mouvement, animées au rythme de la grinçante roue à aube ne peut que laisser des souvenirs inoubliable.
Inoubliable aussi sera le souvenir des centaines d'objets anciens qui ornent le musée du moulin. Collection parfois enrichie selon les dires de nos récupérateurs occasionnels, par la découverte certains matins d'un carton posé à la hâte devant leur porte par un furtif et anonyme bienfaiteur. Carton enfermant une relique du passé rural dont il a été jugé qu'une retraite paisible agrémentée de visites des nouvelles générations était préférable à un dernier arrêt en déchetterie pour que son métal se voit fondu et transformé à des centaines de kilomètre de là en objet totalement inutile.
Le piano mécanique
Les jeux anciens
Les objets de la vie courante
Le temps nous étant compté, nous n'avons pu nous intéresser au reste des activités, ainsi je reprends quelques information sur le site http://moulinlamour.monsite-orange.fr/ :
Le moulin LAMOUR c'est aussi des ateliers pour enfants. Dès 5ans les enfants peuvent découvrir le dessin, la peinture, la gravure, le modelage et la céramique. Ces ateliers sont proposés le mercredi de 16h30 à 18h. Des sorties d'observation en extérieur sont organisées. Chaque enfant, mallette à la main, peut ainsi réaliser des croquis en direct.
Un atelier d'adultes existe également, tous niveaux confondus. Chacun est encadré individuellement et évolue à son rythme. Peinture, aquarelle, fusain, dessin, gravure, céramique et modelage sont proposés. Le lundi 18h à 20h.
Les ateliers se déplacent. Un plasticien intervient à la demande dans vos locaux. Agrées par l'éducation nationale et éducateurs spécialisés, les plasticiens interviennent en milieu scolaire, dans un cadre municipal, ou en établissement.
Avec un numéro d'activité, les ateliers du moulin c'est aussi de la formation continue. Plusieurs modules existent:
- - céramique,
- - modelage
- - peinture à l'huile,
- - dessin et couleur,
- - gravure
La formation est axée sur l'encadrement de populations déficientes, handicapées ou vieillissantes. La formation privée est également possible.
Les personnes vieillissantes ou souffrants de handicap physique ne sont pas oubliées. Un atelier situé au rez-de-chaussée est accessible aux fauteuils roulants. Des interventions sont proposées également dans vos locaux.
Arthérapie
La spécificité des plasticiens (éducateurs spécialisés) leur donne les moyens professionnels d'encadrer des populations déficientes. Un atelier fonctionne déjà sur place avec un foyer occupationnel.
En petit groupe, les personnes viennent s'exprimer au rythme de leur imagination et de leurs besoins. D'autre ateliers fonctionnent directement dans les établissements
Maison de retraite, maison de convalescence...
Un plasticien se déplace. Spécialisé dans ce travail, il sait adapter ses techniques et son encadrement aux difficultés physiques et psychologiques rencontrées.
La thérapie par l'activité artistique est une réalité. Un encadrement spécialisé est assuré! Marie-Anne et Ludovic BELLEVAL, plasticiens sont également diplômés éducateurs spécialisés et agréés tous deux de l'Éducation Nationale. L'intégration est importante à leur yeux et le travail collectif peut-être un support.
Apiculture
Ludovic BELLEVAL, plasticien, est aussi apiculteur. Il possède 20 ruches réparties en 2 ruchers. Un rucher à BRIASTRE et l'autre à MARQUION
Motivé par sa passion, il saura vous faire découvrir le monde complexe de l'abeille, sa nécessité pour l'homme et l'incroyable action de ses produits naturels sur la santé.
Vous découvrirez la vie des abeilles, leurs fonctions dans la ruche, leurs habitudes et leurs capacités.
Après la récolte, la désoperculation, l'extraction et le maturateur nous donnent un miel doré et savoureux.
Le moulin LAMOUR possède sa petite boutique ou vous pouvez trouver le miel des ruches de monsieur BELLEVAL. Vous pouvez également y trouver d'autres dérivés: gelée royale, pains d'épices, nonnettes, bière au miel, bonbons, nougats.
Le magasin propose également toute une gamme de produits cosmétiques à base de miel et de gelée royale : crèmes de jour, shampoing, savons... Les produits d'APITHERAPIE à base de propolis (apimab) sont aussi proposés.
Voici pour nous un couple qui mérite de sortir de son enclavement pour exercer leur devoir de mémoire ainsi que de pouvoir mettre à profit leurs capacités pédagogiques, artistiques et thérapeutiques.
En parlant d'enclavement, Ludovic et Marie-Anne BELLEVAL nous parlent d'un petit chemin reliant Briastre à Solesmes, ignoré de beaucoup sauf peut-être des possesseurs de pétaradants quads, vous savez, ces engins à quatre roues qui rompent à grands renforts de décibels la quiétude du weekend.
Qu'il serait agréable aux promeneurs, aux randonneurs voire aux cyclistes de l'emprunter pour, de Solesmes, venir se ressourcer au moulin Lamour en faisant l'effort comme d'antan de traverser cette authentique et paisible campagne.
Il suffirait de l'aménager un peu, quelques poubelles, un banc à mi chemin, le niveler là où une poussette ne pourrait rouler… toutes les idées sont permises pour rendre une promenade possible et agréable.
Tous les facteurs sont réunis pour que ce moulin puisse avoir accès à ce qui lui manque encore à savoir le cœur qui lui donnera la vie, la mise en eau de la roue à aube qui permettra d'animer toute ces machines de minoterie rendant plus compréhensible le cycle ancestral de la fabrication de la farine.
Aussi, pour clôturer les visites, un passage à l'estaminet reconstitué permettra de trinquer à la mémoire des anciens minotiers
Pour conclure, j'ai gardé le meilleur pour la fin :
Le moulin de Briastre possède toujours son droit d'eau.
Ce droit a été accordé par Me Leroy, notaire de Napoléon premier, et, est valable pour toujours.
Bernard et Jean-Luc