Hôtel Démarez de Sancourt Hôtel Démarez de Sancourt  

 

  C'est un très bel hôtel particulier à porte cochère du XVIIème siècle, auquel un sablage léger de la façade a redonné sa beauté d'autrefois. L'écartement espacé et irrégulier des fenêtres met en évidence la brique sur laquelle se détache le blanc des pierres formant un chainage harpé autour des baies. Les travaux de restauration ont mis à jour une petite niche de pierre dans laquelle se trouvait sans doute autrefois une statue.

 

Cette maison était celle d'Antoine DEMAREZ, Seigneur d'Inville et de Sancourt. C'est ici qu'il décède en 1775. Après lui, ce sont encore des DEMAREZ que nous trouvons à différentes dates. Philippe DEMAREZ, Seigneur de Sancourt y meurt en célibat en 1812 ; mais en 1820, l'hôtel est toujours propriété de la famille. C'est vers 1840 que Pierre Joseph BERTRAND qui avait épousé l'année précédente, Célina Françoise Lucie MILCENT, rachète la propriété et la transforme en manufacture linière qui prend rapidement de l'extension. Il y travaille avec son frère Adolphe.

 

BERTRAND-MILCENT mérite toute la gratitude que la ville lui a portée en donnant son nom à une rue. Son activité et son dynamisme s'exercent tant dans le domaine politique que dans celui de l'industrie, sans oublier le social.

La prospérité de son industrie le poussa à rechercher à l'étranger des débouchés pour les produits qu'on fabriquait en France en surabondance.

 

Après avoir créé une maison à PARIS en 1838, il en fonde une seconde à BELFAST en 1843, puis une autre à COURTRAI en 1847. La révolution de 1848 ayant perturbé la croissance de sa manufacture, BERTRAND-MILCENT ne se laisse pas abattre, il part pour l'Amérique. C'est l'un des premiers à créer à NEW-YORK, une maison de commerce française ; puis il explore le CANADA où il trouve des possibilités d'écoulement pour les tissus français.

 

En 1850, au moment où les lins entraient dans une crise qui devait se prolonger, BERTRAND-MILCENT construisit à la limite de Cambrai et de Proville, le premier tissage mécanique de toile dans l'arrondissement. Pour cet homme, l'efficacité économique allait de pair avec les préoccupations sociales, c'est pourquoi, il construisit aussi des maisons pour ses ouvriers : "La Cité Bertrand" disparue depuis, ainsi qu'une école gratuite.

 

Cet industriel est aussi un homme politique désintéressé. Membre de la Commission provisoire installée le 5 septembre 1870, il est nommé Maire, fonction qu'il accepte quelques mois, pour être au service de ses concitoyens en cette période dramatique.

C'est chez lui que Monsieur TESTELIN, Commissaire extraordinaire du Gouvernement de la Défense Nationale, reçoit les autorités et les fonctionnaires Cambrésiens.

A la fin de sa vie, il est élu Conseiller d'Arrondissement, puis député du Nord. Il serait trop long d'énumérer les nombreuses activités de cet homme exceptionnel. Après sa mort, c'est son fils Alfred qui prend la direction du tissage de Proville, tout en restant associé à ses frères jusqu'en 1885. Industriel dynamique comme son frère, Alfred BERTRAND crée avec un associé une blanchisserie de tissu de lin qui fusionne avec la blanchisserie de Saint Roch. Il devient Président du Conseil d'Administration jusqu'à sa mort en 1921.

 

Pendant ce temps, la manufacture de la rue du petit Séminaire continue ses activités sous la direction des Consorts BERTRAND qui la vendent le 17 février 1897 en l'étude de Maitre Taîsne à la société HERBIN RUSCONE et TRUDELLE.

Celle-ci continua à exercer des activités textiles jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale. Avec le départ de la Société HERBIN, prend fin une activité qui avait perduré, dans cette rue pendant des siècles.